Tentations Audimaxuelles

J'aime autant dire que je suis très mais alors très admiratif, esbaudi et bouche bée devant des émissions telles que L'Ile de la Tentation.

Vous savez bien, j'évoque là ces programmations hautes en couleur et riches en rebondissements ahurissants qui illuminent le petit écran de nos chers foyers.

 Enfin pour être plus juste le foyer de ceux qui n'ont pas encore frénétiquement arraché les touches 1 et 6 de leur télécommandes en les jetant avec une vivacité animale par la fenêtre tout en poussant ces curieux glapissements de délivrance que l'on entends chez ces malheureuses personnes libérée d'un envoutement vaudou après quatre pénibles années à faire le zombi pour d'obscurs et nuisibles sorciers.

Loin de moi l'idée saugrenue et bien trop triviale de couvrir ces oeuvres audiovisuelles d'immondices verbales au long de deux chapîtres bien sentis et bien trop onéreux en adjectifs divers et dépréciatoires. Il me suffira d'une courte sentence en cinq mots. C'est de la merde. Point.

Merde purulente je tiens à le souligner mais extrèmement bien préparée et digérée dans des cerveaux pourtant jadis pétillants d'amour de l'humanité. Du temps où ces matières grises exerçaient leur brillants et naissants talents d'élocution à la maternelle.

 Après le génialissime cri "Areuh Blblbleuh.." de leur prime enfance ils en sont arrivés des éons d'abrutissement plus tard, à concevoir pour nous leurs frères humains, toujours avec une sorte d'amour à voir leur acharnement, des émissions aux noms à faire pâlir celui de n'importe quel programme de solution finale.

De l'exotique Koh-Lanta (veuillez mille fois pardonner l'orthographe sûrement bâclée de ce dernier) aux non moins alléchantes Opérations Séductions qui de saisons en saisons incorporent les étonnants bimanes géniteurs des bien nommés "candidats". Je ne vois effectivement pas d'autres qualificatifs pour désigner ces individus de l'espèce douée de parole dans le meilleur des cas.

Ce sont en effets des candidats, ces êtres doués de raison quand ils font la sieste et qui se ruent dans les fameux et en très en vogue "castings". Je ne puis réfrener l'envie de vous faire partager le reste de souvenirs du temps où je faisait mes humanités comme nous disions alors et où la linguistique parmi tant d'autres séquelles de l'empire romain, nous était quasi obligatoire.

 Candidat : Celui ou celle qui postule une charge, un emploi; qui aspire à une dignité, dér. du latin candidus (candide*); au sens de « vêtu de blanc ». Edifiant ce que le temps peut faire subir comme glissements sémantiques catastrophiques à de pauvres mots pourtant empreints de sens pris hors certains contextes.

Je m'égare. D'ailleurs, Greg le Millionnaire semblait très souvent vêtu de blanc à défaut d'aspirer à une dignité. Et ensuite ce fut Marjolaine et les Millionnaires. Marjolaine qui était quant à elle très peu vêtue et postulait clairement pour un emploi. Dans quel secteur d'activité ? Mystère là-dessus.

Je tremble pour la suite logique de cette production endiablée de rythme et de rebondissements de ressorts de matelas recouverts de soie. Vu la récurence du mot millionnaire l'on peut miser gros que ce vocable revienne mais de quelle sombre découverte de "casting" sera-t-il accompagné à la prochaine semonce ?

Comme aimait très souvent à le répeter mon Oncle Georges, la soie c'est bien joli, ça vous arrange diablement une petite chambrette de manoir mais rien ne sert d'en avoir si ce n'est pas pour péter dedans. Très savoureux l'Oncle Georges. Et il avait déjà sans le savoir résumé la très complexe philosophie de ces émissions dont est gratifié depuis quelques années le grand public.

Montrez leur de la soie, des bijoux, du rêve, ça occupera ces petits esprits qui n'ont besoin que de ça, égayez les allègrement et sans remords et au final, vous pourrez même leur péter en pleine figure qu'ils en seront tout emoustillés et fermeront les yeux en priant pour en avoir plus encore.

N'y voyez la aucun cynisme de ma part. Je ne m'en plaint pas. J'ai un masque à gaz cathodique.   

Jean D'O.